Mardi :
Toute la journée, Elodie a travaillé sur le montage de la vidéo alors je suis allée faire d’autres choses qui nous permettent d’avancer dans notre travail. On se réparti le travail pour gagner du temps!
Je suis tout d’abord retournée à l’école maternelle pour refaire des prises des enfants qui jouent.
Puis je suis repartie, et plusieurs personnes me reconnaissant dans la rue m’ont dit bonjour. C’est marrant car on commence à avoir nos petites connaissances ici. Par exemple, dès qu’on passe sur la place principale, on parle avec l’agent de sécurité. Je pense qu’on lui parle tous les jours. Il doit vraiment s’ennuyer ce monsieur car il ne se passe rien dans ce village. Son travail, c’est de rester devant la banque du lundi au samedi toute la journée, dans cette commune de 1600 habitants. Dès qu’on passe par cette place, il nous demande ce qu’on fait, ce qu’on a fait ou il nous fait une petite blague… ça doit le distraire un peu. Il est très gentil, en général, quand on a besoin de quelque chose, c’est à lui qu’on demande… avec des questions du genre « où est ce qu’on trouve des piles ici?? » ou « mon micro est coincé, pourriez-vous le dévisser? » très intéressant! D’ailleurs, on a même fait de lui un portrait avec photo pour le projet.
J’ai fait différentes prises de la ville puis j’ai rendez-vous avec Maria et sa belle-fille (dont j’ai oublié le nom). On part couper de la luzerne. Et oui, elles ont 180 cochons d’Inde, mais il faut les nourrir ces petites bêtes là ! Le terrain de luzerne, avec quelques moutons et 2 ânes est à 20 minutes à pieds, alors c’est parti. Maria fatigue rapidement à pieds alors elles font signe à une moto-taxi et en 3 minutes, nous voilà arrivées au milieu des champs. Nous marchons dans un passage parfois un peu délicat car très étroit et avec beaucoup de cailloux qui me font glisser. En plus, je ne veux pas en rater une miette, alors je filme mais je ne vois pas où je marche. Les paysages sont très beaux, nous sommes au milieu de champs à perte de vue ainsi que sur les montagnes.
Visiblement, 17h, c’est une heure à laquelle les habitants vont dans leur champs, puisque dans chacun d’eux je vois des personnes. Soit elles taillent de la pierre, soit elles s’occupent de leurs animaux, ou de leur culture…. rien n’est mécanisé, tout se fait à la main, par la force des bras. Pour une très grande partie des habitants, c’est une vie très dure, très physique. Ils ne cessent de nous le répéter avec ce type de phrases « la vie est dure ici » « c’est une vie sacrifiée au travail » et on le voit bien. Pour vivre, ils doivent tous se donner corps et âmes au travail. En général, ils doivent s’occuper de leurs différents animaux (les changer de pâturage, les nourrir, les emmener pour les manger ou les vendre, entretenir leurs terres…) etc… tout le monde a des animaux à s’occuper comme des ânes, des moutons, des chevaux en plus d’une deuxième activité qu’ils font en journée… la vie c’est le travail et le travail c’est la vie. Ils travaillent quel que soit le jour de la semaine ou le jour de l’année. Souvent, on demande à ces habitants »Qu’est ce que vous aimez faire dans votre vie ici ? « . La réponse est souvent » j’aime mon travail « . Comme si la phrase avait été préenregistrée dans le cerveau de chacun et que tout le monde répond la même chose. Il n’y a souvent par d’argumentaire. En fait, leur travail, c’est toute leur vie. Ils n’ont pas le temps de se distraire non plus. Je n’ai pas non plus l’impression que les habitants ici ait choisi ce qu’ils font. Souvent, ils ont hérité des terres de leur parents ou du savoir-faire de leur parents et ils prennent la suite.
Bref, le contexte étant posé, nous voilà donc dans le champs de luzerne de Maria. Ici on dit « l’afalfa » pour dire luzerne. Tous les jours nous croisons des personnes avec une grande écharpe dans le dos remplis d’afalfa. C’est pour nourrir une bonne partie des animaux de la ferme ainsi que les cochons d’Inde.
Maria et sa belle fille sortent chacune une faux, et les voila au travail. Elles coupe la luzerne et font des tas derrière elle. C’est physique, elle courbe le dos pour couper la luzerne au raz du sol. Maria a 67 ans, et fait ça presque tous les jours. Ils font ça deux fois par jour : une fois le matin, une fois le soir, car les cochons d’Inde mangent deux. Maria a 67 ans, et c’est un travail difficile. Heureusement, elle a la chance d’avoir une grande famille et ils peuvent tourner entre le matin et le soir.
Une fois que j’ai fini mes prises à la caméra, j’ai proposé à Maria de la remplacer. Et bien, j’ai été vite essoufflée ! J’ai sans doute coupé pendant 20 minutes. Une fois que nous avions trois gros tas, elles ont mis leur écharpes sur le dos avec le tas de luzerne et c’est parti pour le retour !
(désolée pour la piteuse qualité de mes photos, mais vu que je n’ai pas pris de photo ce jour là, j’ai fait des capture d’écran de mes vidéos…)
Avec la belle-fille de Maria nous sommes rentrées à pied, mais Maria est rentrée en moto taxi avec toute la luzerne.
On est aussi rentrées avec 4 moutons qu’ils souhaitent manger !