C’est mon premier matin chez Francesca. Elle doit travailler ce matin alors je prends du temps pour écrire. Je me suis aperçue plus tard qu’ils m’avaient préparé le petit déjeuner dans la salle à manger mais moi je m’étais rendue dans la cuisine. C’est dommage, ils m’avaient même acheté des croissants (qu’on appelle « brioche » ici). Qu’ils sont attentionnés !

Les parents de Francesca travaillent toujours alors ce midi, nous nous organisons en fonction de leurs horaires de pause. Quand Francesca a terminé sa réunion, nous avons préparé des pâtes au saumon. Le saumon est très grand, c’est un cadeau qu’ils ont reçu à Noël.

Attention, minute culinaire pour mes lecteurs « cordon bleu » : Nous avons mis de la crème dans une poêle avec des petits morceaux de saumon fumé. Parallèlement, les pâtes cuisaient dans une casserole d’eau bouillante. Une fois cuites, nous les avons ajoutés au saumon. Elle a servi le petit plat bien chaud dans chacune des assiettes et a simplement ajouté des petits morceaux de saumon fumé cru sur le dessus.  Les pates sont très peu cuites par rapport à chez nous, elles étaient encore bien dures sous la dent. Très bon petit plat qui est facile à préparer.

En dessert, nous avons mangé une petite gourmandise appelée « Brutti e Buoni », littéralement « moche et bon ». C’est pas si moche mais super bon. C’est un biscuit de boulangerie aux amandes et noisettes. Allez, je vous offre la recette en prime, elle est sur Marmiton. Les italiens disent les « Brutti » pour faire plus rapide.

Ensuite, il a fallu s’organiser pour partir. Le village est très petit et un peu isolé, il n’y a pas de commerces ou de services et il n’est pas desservi par le bus. Il faut impérativement un véhicule pour faire les courses ou aller au travail par exemple. La famille de Francesca a donc 3 voitures à disposition mais ils sont 5 avec chacun son rythme de travail. Alessandro, l’un des frères de Francesca, travaille tôt le matin. Son papa, est jardinier à son compte, son planning est un peu plus flexible. Sa maman a des horaires de bureau et l’autre frère de Francesca, que je n’ai pas encore vu, a des horaires décalés puisqu’il est cuisinier dans un restaurant. En plus, en ce moment Francesca est là, et doit rencontrer parfois certains de ses collègues pour sa mission au Kenya. Une vraie gymnastique la répartition des voitures au quotidien !

Pour cet après-midi, nous trouvons un compromis en emmenant la maman de Francesca au travail. Puis, nous avons fait les courses pour ces quelques jours ensemble et nous nous sommes promenées à pieds autour du lac de Varese. Il s’agit de l’un des 7 lacs de la région des grands lacs. A côté de tous les grands lacs italiens comme le lac Majeur ou lac de Côme, il s’agit d’un petit lac : il fait 9 kilomètres de long pour 5 kilomètres de large. Varese (à prononcer Varésé en italien), c’est aussi le nom de la plus grande villa la plus proche, environ 80 000 habitants. C’était très joli car nous sommes arrivées au moment du coucher du soleil, au départ le paysage était plutôt orangé et plus l’heure passait plus le spectacle passait au rouge.

Ce moment ensemble est l’occasion de faire davantage connaissance, d’échanger sur son travail et de la manière dont elle voit la vie. Elle n’a qu’une trentaine d’années mais elle me donne l’impression d’être quelqu’un de fort, d’une personne qui sait où elle va. Je crois qu’elle souhaite vivre pleinement sa vie comme elle l’entend. Elle a choisi une vie peu ordinaire en privilégiant ses envies, ses voyages, ses rêves, plutôt que la vie attendue, plutôt que la vie « conventionnelle ». Je trouve que cela démontre d’un grand courage et d’une certaine force de caractère.

Elle travaille pour une Organisation Non Gouvernementale (ONG) qui l’emmène vers différents pays du monde. Depuis quelques années, les projets de l’ONG l’ont menée au Kenya. Etant extrêmement impliquée dans son travail, elle est capable de parler des heures du système de financement des ONG, du chemin semé d’embûches pour mettre en place des actions avec l’argent public, des types de projets mis en place dans ces pays en développement… Son travail et sa vie personnel sont très liées, l’un ne va pas sans l’autre, elle est passionnée par ce qu’elle fait.

Elle adore la vie au Kenya et après avoir travaillé dans différents pays du monde (Bangladesh, Thaïlande…), c’est au Kenya qu’elle aimerait s’installer. Nous avons eu l’occasion de parler longuement de son pays de cœur qui m’était complètement inconnu. La culture semble tellement différente de la nôtre, que nous aurions, sous certains aspects, besoin de la connaître davantage pour grandir, pour s’enrichir.

Lac de Varese, le soleil couchant

Le quotidien de Francesca est fait de découvertes culturelles, de surprises et d’apprentissages. Je pense que cela l’anime profondément et lui donne envie de s’installer dans ce pays. 

Nous avons longuement parlé des actions de ce type d’ONG mais également de sa famille. Pour continuer cette passionnante discussion, nous avons pris un chocolat chaud avec de la chantilly (panna) le long du lac en attendant que sa maman finisse le travail. Je suis contente de connaître Francesca, elle me fait découvrir un monde que je ne connais pas. Connaître quelqu’un qui fait ce type de travail, qui en parle de façon aussi passionnée, c’est fabuleux. Je trouve intéressant aussi de rencontrer quelqu’un qui croque la vie à pleine dents, sans se préoccuper des conventions. Comme elle dit, elle est « alignée avec elle-même ».

Bien sûr, cette fois, toute la conversation était en anglais car en italien je ne suis pas sûre que j’aurais compris la moitié de ce qu’elle m’a partagé.

Ensuite, nous sommes passées chercher sa maman au travail et nous sommes rentrées à la maison pour faire les pizzas. Depuis que je suis arrivée, je vois continuellement les jolies flammes du feu de cheminée de la cuisine. C’est tellement agréable, c’est bien l’hiver ! Je suis contente car on a ensuite fait des pizzas ensemble. Elles m’ont montré comment étaler la pâte, puis j’ai ajouté les ingrédients. On a fait une pizza par personne, comme au restaurant !

Le feu de cheminée de la cuisine

La minute pour mes lecteurs « cordon bon », les trucs et astuces que j’ai retenu pour faire une pizza : Il faut faire la pâte la veille au soir pour qu’elle repose et gagne en volume. Nous avons mis de la sauce tomate dans le fond de la pâte, dans laquelle nous avons ajouté du sel et de l’origan. Nous avons étalé la pâte un maximum pour obtenir une pâte très fine (mais la pizza italienne n’a pas forcément une pâte très fine). Il n’y a pas besoin de mettre beaucoup d’ingrédients. Le super ingrédient qui a fait la différence dans ma pizza, ce sont les tomates séchées ! Et hop au four pour 15 minutes, à taaaaaaaable !

En dessert, on a mangé du panettone, c’est une brioche avec des raisins secs, des fruits confits à l’intérieur. C’est le gateau traditionnel de Lombardie (ici!) et du Piemont, il est mangé durant la période des fêtes de fin d’année.

Francesca mange du panettone

Nous sommes passés à table, et beaucoup de discussion se sont enchainées. Déjà, j’ai bien compris qu’ils aiment le foot, chacun à son équipe favorite : 4 sont pour la « Juventus de Turin » (ils disent « la Youve » et Renato est pour « l’INTER de Milan » (ils disent « l’inter »). L’Italie ne s’est pas qualifiée à la coupe du monde, alors ils ont juste regardé la finale. Alessandro était pour la France (enfin, pour Mbappé) et Francesca pour l’Argentine. Ils savent que de nombreux joueurs français ont évolué à la Juventus de Turin (Deschamps, Zidane, Platini, Pogba…).

Parfois je les regarde et écoute parler en italien et j’essaie de comprendre. Pour m’inclure dans certaines conversations, ils me réexpliquent un peu plus lentement leur sujet de conversation. C’est rigolo car quand un mot en français leur viennent à l’esprit concernant ce qu’ils sont en train de dire, ils le disent en plein milieu de la conversation. parfois, ils me demandent aussi un mot de vocabulaire par ci par là. Sa maman dit aussi tout le temps « voilà », quand elle fait quelque chose.

J’ai expliqué le travail de Nicolas dans le domaine de la sécurité au travail, éviter les accidents du travail. Mais le papa de Francesca est jardinier et n’aime pas tellement cet équipement qui l’empêche d’être vraiment à l’aise pour travailler. Il a mimé quelqu’un qui utilise les moufles pour couper une branche. Il a commencé à travailler comme jardiner il y a 40 ans ou même avant. Sa maman était amoureuse des plantes et elle a su lui transmettre. Renato, c’est quelqu’un de discret. Il est en habit pour travailler en extérieur, n’aime pas trop parler de lui ou être sur les photos. Il aime être en dehors pour s’occuper des animaux. Ils ont tous ces animaux depuis environ 10 ans pour le plaisir d’avoir des animaux mais cela lui demande beaucoup de travail. Ils ont commencé par avoir des chèvres puis ils ont pris petit à petit 4 vaches, 2 ânes, 2 chiens et des poules. Il se lève à 6h30 pour manger puis il nourrit les animaux et il va travailler. Le soir, il nourrit de nouveau ses animaux, les change d’enclos, nettoie l’étable…

Ils ont une deux belles parcelles pour permettre aux vaches et aux ânes de profiter de la nature. Il y a une étable pour les vaches et une « maison » qui ressemble à une cabane pour les ânes. Une vache s’appelle Margherita, les autres n’ont pas de nom. Elles se sont échappées un soir la semaine dernière, ce sont des voisins du village qui les ont prévenu. Cela leur a pris deux heures de les ramener à la maison. Ceux que je préfère, ce sont les ânes, ils sont vraiment mignon, tout doux et facilement touchable. La maman, Déa, est calme et docile. Son bébé, Polone, qui aura 1 an en avril, est un peu turbulent et a son petit caractère. Il machouille le manteau de Renato quand il trouve qu’il n’a pas assez rapidement à manger.

Les ânes : Déa la maman, et Polone ( son bébé capricieux qui aura bientôt un an)

Allez, la journée se termine et demain on se lève tôt pour prendre le petit déjeuner ailleurs et préparer l’épiphanie : départ à 8h15, alors au lit.