
Aujourd’hui, il faut être à 8h15 dans la cuisine, prêtes à partir. La veille, Paula nous a rappelé plusieurs fois cet horaire, alors pour rire avec Francesca on a mis notre main droite sur nos tempes, pour faire comme des petites militaires. Nous étions bien à l’heure, à 8h15 dans la cuisine. Paula souhaite que nous partions tôt pour aller manger le petit déjeuner dans une boulangerie-pâtisserie. Si nous partons trop tard, elle a peur qu’il ne reste plus de croissant. Ce serait trop dommage ! D’ailleurs ici, on parle de « brioche » et non de croissant. Je ne sais pas si notre brioche à nous existe. Je pensais voir l’autre frère de Francesca ce matin, Marco, qui travaille dans la restauration, mais il dort et partira pour son service pour 10h… je ne le verrai donc pas aujourd’hui non plus ! Peut-être demain, ce serait dommage de ne pas se voir une fois.
Nous prenons la voiture et arrivons à la boulangerie-pâtisserie. A l’intérieur, il y a de grandes vitrines avec plein de bonnes choses à manger, quelques tables rondes et des chaises pour s’installer. Nous nous asseyons à la première table à gauche et une serveuse vient nous demander ce que nous souhaitons pour le petit déjeuner. Nous avons le choix entre une grande variété de garnitures pour nos « brioches » : différents types de chocolats, des confitures de toute sorte, crème de pistache… Paula choisit justement crème de pistache, Francesca une confiture (pas compris le nom) et moi au chocolat fondant (ben oui bien sûr!). Dans la boulangerie, il y avait aussi de beaux panettones (brioche avec des fruits secs) à acheter. Nous prenons chacune notre petit thé ou café avec le croissant. Mon croissant au chocolat fondant était bien garni !





Sur la troisième photo de cette galerie, on voit des chameaux en pâtisserie dans la vitrine et sur la dernière photo on voir une sorcière qui accueille les clients. Ce sont de petits détails qui parlent beaucoup aux italiens, vous allez vite comprendre pourquoi…
Le petit déjeuner est pris, nous nous en allons dans une confiserie.
Mais pourquoi allons-nous dans une confiserie ?
En fait, je suis en Italie durant une période un peu spéciale car demain c’est l’épiphanie et c’est important ici. En Italie, ce jour se fête vraiment, le 6 janvier est chaque année un jour férié durant lequel la famille se réunit. C’est comme un deuxième Noël : les enfants reçoivent des bonbons et des cadeaux. Certains la fête la veille du 6, certains le jour-même, certains les deux.
Pour préparer la fête, nous devons tout d’abord acheter des chameaux de Varese. Bon, vous vous en doutez, nous n’allons pas acheter de vrais chameaux, mais le dessert traditionnel de la région de Varese. Ce dessert fait référence aux rois mages qui se promenaient à dos de chameaux (pour faire simple). C’est une pâte feuilletée en forme de chameau, saupoudré de sucre et badigeonné d’œuf pour les rendre brillants et croustillants. Il peut être fourré avec de la pâte à choux, du chocolat ou être nature. C’est assez costaud à manger. Pour vous donner une idée de la quantité, c’est grand comme une main (enfin, tout dépend de la taille de votre main….) et c’est épais de 2 cm environ. Nous en achetons une dizaine de toute sorte pour en avoir pour ce soir et demain. Et oui car les festivités commenceront dès ce soir et continueront demain midi.

Ensuite, dans ce même magasin, nous devons acheter des bonbons pour une seconde tradition bien italienne. La voici : au moment de l’épiphanie, les enfants déposent au coin de leur cheminée des chaussettes. Dans la nuit du 5 au 6 janvier, une sorcière se promène sur son balai volant et dépose des bonbons dans les chaussettes et des cadeaux pour les enfants qui ont été sages. Les autres reçoivent du charbon ! Les enfants croient en cette histoire comme ils croient au Père Noël. On appelle la sorcière « la befana », c’est la traduction de « sorcière » en italien.
Dans la famille de Francesca, elle ne passe pas dans la nuit mais la veille de l’épiphanie, soit ce soir. Quand Francesca et ses deux frères étaient petits, ils attendaient la befana, avec impatience. Ce soir-là, ils ne faisaient pas de feu de cheminée. A un moment dans la soirée, leur maman dans la cuisine entendait les bonbons tomber dans la cheminée et criait « les enfants, les enfants, les enfants, il y a la befana !! ». Les trois enfants accouraient et voyaient les bonbons et les cadeaux tomber par la cheminée ! Ils étaient tous les trois excités et ébahis devant ce qui se passait sous leurs yeux ! Pendant ce temps, Renato était sur le toit avec son échelle et laissait tomber les friandises au fur et à mesure par la cheminée. Incroyable !
Dans le magasin, Francesca et Paula me proposent de choisir une jolie chaussette pour mettre au coin du feu ce soir. Je choisis une chaussette rouge avec la tête de la befana sur le dessus. Ensuite, elles me demandent de choisir entre tout un tas de sucreries toutes plus colorées les unes que les autres pour remplir ma chaussette. C’est la première fois que je participe à cette tradition, c’est drôle ! D’habitude je viens en Italie l’été, là je suis venue en hiver et au bon moment. Je n’ose pas trop remplir la chaussette mais finalement elles m’ont bien incité, et elle était bien pleine. Elles ont elles aussi pris des bonbons pour remplir les chaussettes qu’elles ont déjà à la maison.


Dans le magasin, il y avait tout un tas de biscuits différents et notamment des chiacchiere, c’est le biscuit traditionnel que l’on mange durant les carnavals en Italie. Francesca et Paula savent que j’invite ma famille dimanche chez moi et que nous serons 18, alors elles leur prennent deux paquets de « brutti et buoni » à ramener en France ! Vous savez, le biscuit aux amendes et aux noisettes gouté la veille… C’est super gentil de leur faire ce cadeau. Allez, on passe en caisse avec tous nos chameaux, nos biscuits, nos bonbons et ma chaussette. Les gens à la caisse ont exactement les mêmes choses dans les mains. Hâte de voir à quoi ressemble ces festivités qui ont l’air très importantes, on en parle beaucoup.
Après l’instant gourmand, nous allons au lac majeur qui n’est pas très loin pour une petite balade. Le lac est gigantesque et très beau. Le lac majeur est bien plus grand que le lac de Varese vu la veille. Il fait 65km de long et 50km de large. Nous, nous allons l’admirer à partir du village de Laveno, c’est la station privilégier des allemands. Ce n’est pas très loin de chez eux et c’est le seul endroit où l’on peut prendre le bateau pour passer de l’autre côté du lac. Sinon, il faut faire tout le tour. D’ici nous sommes aussi très proche de la Suisse.

C’était sympa de s’y balader, c’est joli, il y avait des bateaux amarrés dans un petit port. De jolies maisons anciennes entourent le port puis, plus loin, des architectures plus récentes et plus hétérogènes se dévoilent. Je trouve qu’elles gâchent un petit peu le joli paysage du lac. Enfin, c’est agréable quand même de se promener autour de ce lac. Le soir en cette période de Noël, une crèche grand format située dans l’eau s’illumine et sort de l’eau. Nous ne serons pas là ce soir pour l’admirer mais j’imagine bien. On a aussi marché dans les rues piétonnes et commerçante. Paula adore mon polaroid et en a vu un dans une vitrine. Je crois qu’elle aime beaucoup les vêtements car elle s’est arrêtée devant un beau manteau bleu, des gants à carreaux, des sacs… ! Allez, on grimpe dans la voiture, je dois apprendre à faire un risotto au safran maintenant !




Il est midi et sur la route du retour, je vois les cours d’école vides, je demande où sont passés les enfants. Elles m’expliquent qu’en Italie les vacances de Noël durent jusqu’à l’épiphanie, donc trois semaines cette année. Et c’est le cas pour les écoliers, les collégiens, les lycéens et même les étudiants. Les vacances sont longues à ce moment-là de l’année mais ils n’en ont ensuite plus beaucoup jusqu’en juin. L’équilibre se fait donc différemment qu’en France.

Arrivées à la maison, on s’attaque au risotto à la milanaise, un des plats de la région. C’est le fameux risotto au safran ! Jusqu’à maintenant, j’ai uniquement fait des risottos aux champignons mais au safran avec du parmesan, c’est très bon. C’est très jaune. Et oui, finalement je ne l’ai pas fait, c’est Bimbi le Thermomix qui l’a fait !


Sur la première photo dans Bimbi, c’est le safran qui est en poudre orange, ce n’est pas encore mélangé. Sur la seconde photo, Paula est en train de laisser reposer le risotto dans un plat se nommant la « risottiera ». Un plat spécialement utilisé pour le risotto !
On discute à table et finalement je ne cuisinerai pas avec elle les gnocchis avec sa mamie comme c’était prévu. Nous n’aurons pas le temps sur les 4 jours avec tout ce que nous faisons et le travail de Francesca. Mais ce n’est pas grave, je verrai sa mamie demain à la maison !
Je mets ma chaussette sur la cheminée, elle attend ses copines :


Ensuite, Francesca avait un rendez-vous avec une collègue, alors après un peu de gymnastique mentale, nous avons géré le problème des voitures pour l’après-midi. Nous avons déposé Francesca puis je suis restée avec sa maman pour les cadeaux de l’épiphanie. Comme je le disais plus haut, à l’épiphanie, on offre des bonbons ET des cadeaux. Bon, nous sommes allées à Decathlon pour acheter des petits équipements à chacun. Decathlon est exactement le même que chez nous, seule la langue sur les écriteaux change. J’ai été utile à sa maman car c’est écrit en français et en anglais sur les produits mais ce n’est pas écrit en italien. Donc, j’avais un peu de traduction. Allez, elle fait ses achats, on regarde des enfants tomber sur une patinoire de glace sur le parking et on rentre à la maison. Ce soir je dois faire le hachis parmentier ! Vous aussi vous avez le sentiment que je parle beaucoup de nourriture ? J’ai l’impression de ne faire que manger ! ihihihi

Avant que tout le monde n’arrive, je dois emballer les cadeaux dans la cuisine. Francesca gare sa voiture seulement quelques minutes après, ouf, j’ai eu le temps d’emballer le sien. Elle commence d’ailleurs par remplir de bonbons chacune des chaussettes et à les poser sur la cheminée. C’est joli, elles sont toutes bien pleines. Elle ne participe pas au hachis parmentier mais sa maman regarde avec beaucoup d’attention ce que je fais. On a bien toutes les deux un tablier mais cette fois, les rôles s’inversent. C’est moi qui dois lui dire ce qu’elle doit couper et comment, c’est marrant. Si on m’avait dit un jour que j’allais donner des conseils en cuisine à quelqu’un, je ne l’aurais pas cru. Elle me pose des questions sur les ingrédients achetés, la manière de faire, les temps de cuisson. Ça lui a plu et elle veut pouvoir le refaire. Alors on n’a pas trouvé le hachis parmentier dans son catalogue de recette pour Bimbi (le Thermomix italien) mais on a trouvé une recette similaire anglaise, le « cottage pie ». Elle est contente!



C’est prêt, tout le monde arrive dans la cuisine, et je sers le repas dans chacune des assiettes. Bon, le hachis ce n’est pas très présentable mais c’est le goût qui compte. Premières impressions : ils trouvent ça très bon ! Ils aiment beaucoup ! Me voilà rassurée, j’ai bien choisi le plat français. Ce n’était pas si évident car il fallait quand même que je trouve un plat avec des ingrédients que je puisse trouver ici. J’avais fait un plat pour 6, et à 4 tout a été mangé. Francesca est végétarienne alors elle n’en a pas pris.
En dessert, c’est le moment de commencer à fêter l’épiphanie, nous prenons chacun un chameau. C’est un peu lourd un feuilleté aussi gros (surtout après de la purée) mais ce n’est pas mauvais. Ensuite, nous remettons les chameaux survivants au réfrigérateur pour demain.




Bon, ça va, la befana ne va pas faire passer les bonbons par la cheminée alors on peut faire un feu 😉
Ensuite, c’est le moment d’ouvrir les chaussettes qui nous attendent toujours sur la cheminée. Alessandro (le frère de Francesca) prend la sienne et sort un par un tous les bonbons. Puis c’est au tour de Francesca de tous les sortir. Nous avons tous eu du charbon aussi, ça ressemble vraiment à de la pierre de lave, je ne pensais pas que ça se mangeait. Mais en fait c’est du sucre tout noir sculpté en forme de charbon ! Les parents n’ont pas de bonbons mais les grands enfants partageront les leur. La chaussette de Marco attend patiemment sur la cheminée car il est au travail. Puis, chacun ouvre son cadeau. Les trois hommes ont un pantalon de travail et Francesca un sac à dos imperméable ainsi qu’une cape pour son sac à dos. Ils sont très contents, en plus on a tapé dans le 1000 dans les tailles de pantalon cet après-midi ! Et puis moi aussi j’ai eu un cadeau, un baume à lèvres et une crème pour les mains, c’est super gentil! Je suis vraiment contente d’avoir été complètement intégrée aux festivités locales, de la préparation jusqu’au moment de l’ouverture des cadeaux, j’ai pu vivre avec eux. C’est généreux de leur part de me faire partager ce moment de famille.



Ensuite, nous sommes sortis pour aller voir une maison très éclairée pour Noël à Ispra, au bord du lac Majeur. Cela nous permet d’être encore un peu dans la féérie de Noël encore quelques instants. Ce week-end, les décorations de Noël disparaitront en Italie car l’épiphanie est passée.



« Babbo natale », c’est le père Noël en italien.
Après cette grande journée, nous allons nous coucher. Demain, la fête continue !
Bonne nuit tout le monde!