Aujourd’hui c’est mardi, c’est le dernier jour de Célia et le premier jour où nous allons voir l’association active alors nous allons en profiter pour faire plein de choses.

La journée commence par la réunion d’équipe comme chaque mardi matin. Les membres de Habibi.works décident de l’organisation de la semaine : qui sera à la réception, qui sera sur quel atelier, quel sera le programme de sport de la semaine… etc.

L’extérieur est plutôt agréable, un espace très vert, plusieurs endroits avec des chaises et des tables, un coin abrité, un potager… Nous avons donc pu trouver une place avec Célia et Elodie sur une table de pique nique en bois. Nous, on s’est installé près du potager et un monsieur d’une 60aine d’années y file direct, Elodie ne l’a jamais vu. Il lui explique quelque chose en quelques mots en persan. Elle ne comprend pas où il va, elle le suit. L’association ouvre qu’à 11h, il ne devrait pas déjà être là. En fait on a compris qu’il a planté des oignons dans le potager la semaine dernière. Mais ne sachant pas ce que c’était, des personnes les ont enlevé. C’est drôle ! En tous cas, il n’est pas venu pour rien, il y a  beaucoup de persil et d’origan, il va repartir avec une bonne cargaison.

les poupoules

Ce matin, je fais connaissance avec une membre de l’équipe. Elle s’appelle Elisabeth, elle a une soixantaine d’années et vient tout droit d’Allemagne. Elle connait très bien la couture, c’est elle qui accompagne les personnes dans la réparation ou la création. Ce matin, elle est en train de coudre au soleil pour préparer son atelier de cet après-midi. C’est facile de discuter avec elle, elle exprime facilement ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent. Elle a pris des congés pour venir trois semaines ici pour mettre à profit ses savoirs en couture auprès de l’association. En Allemagne, elle travaille dans la culture avec son mari, ils organisent des expositions pour un lieu culturel. Elle est vraiment géniale, elle s’adapte à tout. Habituellement elle n’a pas du tout cette vie là, il me semble que la vie en communauté comme cela est une découverte qui lui va bien.

L’association est maintenant ouverte et les ateliers sont sur rendez-vous. Beaucoup de personnes viennent dès l’ouverture le mardi matin car c’est le jour où on peut s’inscrire sur les ateliers de la semaine. Environ 4-5 personnes peuvent venir par créneau horaire. La réparation de vélo et l’aide à la couture ont beaucoup de succès. Il y a aussi des personnes qui viennent simplement pour sortir, profiter du lieu et de ses extérieurs. Elodie pense qu’il y a environ 1000 personnes dans le camp et une centaine profite de l’association. C’est déjà beaucoup. Avec le ramadan en ce moment, nous ne sommes pas dans le pic de l’affluence.

Elodie fait parfois un atelier de langue française pour les personnes qui seraient intéressées par notre langue. Alors on l’organise pour l’après-midi pendant que Célia est là, pas sûr qu’il y est du monde, on verra ! Je contacte également des filles du camp que Elodie connait un petit peu pour voir si elles seraient intéressées pour que je fasse leur portrait. Nous sommes toujours installées sur notre table mais il fait tellement chaud que nous rentrons dans le dôme en bois. Nous avons bientôt une réunion concernant le site internet avec quelques membres de l’équipe. Nous devons donner notre avis, voir comment il pourrait être améliorer. Alors, on le prépare puis nous y allons.

le dôme en bois
A table

Nous mangeons ensuite le repas du midi avec toute l’équipe dans la grande cuisine. C’est une soupe à l’oignon avec du fromage et de la salade. Après mangé, j’ai rendez-vous avec Fatema qui a fui l’Afghanistan avec sa famille lorsque les talibans sont arrivés au pouvoir. Nous avons échangé un bon moment sur son histoire et ses rêves. Elle fera probablement partie de mes futurs portraits mais je dois en rediscuter avec elle.

Finalement, personnes ne s’est inscrit à notre atelier de français. Elodie avait pris son après-midi alors nous allons à vélo voir le camp de réfugiés de Katsikas où vivent les personnes venant l’association. Ensuite, nous irons voir la ville de Ioannina et son grand lac. Nous avons des vélos qui ne sont pas du tout en bon état. Les bons vélos sont réservés au prêt pour le public. Le camp est juste à côté de là où nous vivons, nous devons simplement traverser une route nationale.

D’extérieur, il ressemble à une prison. Le camp est entouré de murs. On voit des portes et gardiens. Pour rentrer et sortir les personnes y habitant doivent mettre leur emprunte. Nous empruntons le chemin faisant le tour du camp, d’un côté nous avons des vaches et des montagnes et de l’autre ce grand mur. Elodie nous explique qu’environ 1000 personnes peuvent vivre ici. Actuellement, ce sont surtout des personnes venues d’Afghanistan et de Somalie qui y vivent. Les gens vivent dans des containers, ils sont environs 8 par container. Parfois se sont des personnes seules, des fois ils ont traversé la Méditerranée en famille. Ils ne connaissent pas les autres personnes avec qui ils vont vivre. Le temps est très long ici puisqu’il faut attendre 3 ou 4 ans le temps de recevoir une réponse à leur demande d’asile. Elle peut être acceptée tout comme refusée. Je pourrais revenir à un autre moment dans mon récit sur la demande d’asile en Grèce avec ce que j’en ai compris et quelques recherches supplémentaires.

Elodie passe un moment à nous expliquer le fonctionnement et l’environnement, puis nous filons. J’ai déraillé juste à ce moment-là, l’occasion de discuter également… Les mains maintenant bien noires, nous repartons.

Dans le prochain article, je vous raconte la suite du tour à vélo.