Tout comme hier, je suis ce matin allée manger mon petit déjeuner dans la cuisine de l’hôtel.

Contrairement à hier, quand j’entre il y a déjà un monsieur d’une cinquantaine d’années. Il est italien, il vient de Syracuse (Sicile) avec un collègue. Il a deux magasins de vêtements à Syracuse et là il commence une nouvelle activité de vente de produits d’épicerie fine italienne en ligne. Il est à Parme pour participer à un salon avec des potentiels revendeurs de ses produits en boutique. Ca m’a plu cette petite rencontre en italien de bon matin, la journée s’annonce bien !

Il est 9h30, je traverse les longs couloirs qui raisonnent du monastère pour me rendre à mon lieu de travail, la salle atelier pour continuer les bonbonnières. Je croise sœur Marie-Laude qui me dit que la messe de l’ascension va bientôt commencer, qu’elle va être belle et que je peux venir sur je veux. Changement de programme, je vais à la Chapelle.

Chapelle qui est, pour rappelle, la pièce juste à côté de moi puisque j’ai la chambre 3 étoiles du curé…

Bref, quand j’entre, ce n’est pas comme hier soir, il y a 7 visiteurs comme moi assis sur des chaises au fond, je me rend à la seule place de disponible. J’entends que les deux jeunes filles à ma droite sont françaises. Elles me disent qu’elles sont là car leur maman est amie avec une des sœurs et qu’elles vont ensuite samedi au mariage d’un membre de leur famille à Bologne. L’une me demande si je suis là pour devenir sœur… ce n’est pas encore l’objectif mais ça ne saurait tarder !

J’assiste à la messe, cette fois-ci il y a un curé. C’était plus long qu’hier, beaucoup de textes lus en italien. Un couple d’italiens fêtait leur 42 ans de mariage, donc il y avait une partie spécialement pour eux. Bon, c’est un peu long, j’en sors vers 11h15.

A gauche, c’est le groupe de chant

En sortant je parle avec la jeune qui était à côté de moi, elle s’appelle Hermine, elle a 25 ans et elle a 4 frères et sœurs. Ils étaient tous là avec ses parents pendant la messe.

Ils avaient tous des écouteurs et soeur Marie Laude traduisait au fur et à mesure des textes. C’est moderne ici !

Je vais aux bonbonnières que je dois finir pour la communion. Puis je nettoie les bouteilles de fleur de sureau (fait maison par les soeurs). Il est 13h, c’est la pause, le repas est servi à 13h40.

Ce midi, je mange avec sœur Marie Marguerite. En fait, pour m’éviter de rester toute une journée toute seule, Sœur Marie Marguerite a accepté de manger avec moi. Nous sommes parties ensemble dans le jardin et nous nous sommes assises par terre. Elle portait avec elle une grosse boite cubique en bois avec une hanse en cuire. Quand elle a ouvert, elle avait tout son repas dedans avec ses couverts. Je n’avais jamais vu ça, ça porte un nom que j’ai oublié.

Sœur Marguerite Marie a 39 ans et cela fait maintenant 20 ans qu’elle est sœur. Elle a été sœur au Brésil, au Mexique puis de nouveau au Brésil (dans une autre ville), puis elle a été dans plusieurs couvents de la communauté en Italie il me semble.

Je lui ai demandé comment a t-elle fait ce choix de devenir sœur. Elle m’a expliqué qu’elle vient d’une famille catholique et qu’elle se souvient très précisément du déclic : quand elle a eu 7 ans, elle était dans le jardin de son papi et une évidence est arrivée à elle. Soit elle deviendrait institutrice soit religieuse. Puis, lors du stage d’une semaine de 3ème au collège, elle a accompagné une institutrice dans son travail chaque jour, elle a détesté son stage. Elle n’aimait pas l’attitude des enfants de primaire. Elle a écrit tout ça dans son rapport au point que sa prof lui a demandé d’alléger un peu son rapport.

Donc, il lui restait plus qu’un choix, devenir sœur, mais elle n’était pas sûre d’elle. Elle est allée voir le curé de son village pour en parler avec lui. Elle lui a expliqué qu’elle ressent un amour tellement grand à donner que ce n’est pas un homme qui lui permettrait d’assouvir ce besoin de donner et d’être heureuse. Pour combler ce besoin, la solution pour elle est de se consacrer à Dieu, de se « marier » avec Dieu. Alors, elle est devenue sœur à 19 ans.

Elle m’a expliquée que dans les sœurs de la communauté « les sœurs de Marie, Etoile du matin » sont 300 dans le monde entier. Au bout d’environ 3 ans elles changent de couvent. Il y a 4 couvents de cette communauté en Italie, il n’en existe plus en France. La première année est plutôt une année pour prendre ses marques, apprendre la langue du pays, s’acclimater puis la dernière année elles proposent de nouvelles choses car elles connaissent bien le fonctionnement. Leur but est de mélanger les cultures, les langues… Cela leur permet d’avoir une vie commune plus riche, d’apprendre des unes des autres et s’aimer au delà des différences.

Leur vie est faite de silence, de prières, de travail manuel et d’études. Chaque jour, elles étudient la philosophie et la théologie. C’est la contemplation dont je parlais hier.

Elles font aussi beaucoup de choses de leur main, des confitures, des savons, de la liqueur, du sirop, de la décoration, des chapelets, de la couture, des bijoux… qu’elles vendent dans une boutique.

J’ai beaucoup aimé parler avec Sœur Marguerite Marie car cela m’a permis de mieux comprendre leur quotidien. La première prière à la chapelle est à 4h45. Je les entends chanter à cette heure ci! Tout au long de la journée elles ont des moments de lecture de textes, ou de prières. Ces temps ont des noms plus spécifiques mais je n’ai pas retenu. Le matin est sinon consacré à l’étude (philosophie, théologie), plutôt des cours ensemble. Il y a une nouvelle prière vers 11h. Puis on épluche les légumes ensemble de 13h à 13h45 (en silence). Puis de 14h30 à 17h30, les sœurs travaillent, elles ont chacune environ 3 tâches à gérer à leur guise (artisanat, jardinage, ménage, cuisine… ). Ensuite il y a les vêpres, la prière du soir. C’est en général à 18h. Mais il manque de curés alors ça dépend aussi de sa disponibilité.

Soeur Marguerite Marie est presque 100% de sont temps au couvent, toute l’année. Elle ne rentre pas voir sa famille en France (sauf si besoin, pour un enterrement par exemple). Elle préfère que ce soit sa famille qui vienne la voir pour être dans son environnement à elle et qu’ils puissent mieux la comprendre. Il n’y a pas de vacances pour les sœurs. Le rythme de l’année varie en fonction de la vie de Jesus-Christ : Carème est plutôt une période triste. Avant Noël c’est plus joyeux, festif. Et la semaine est rythmé en fonction des 7 derniers jours de Jésus Christ.

Sœur Marguerite Marie avait l’air tellement heureuse de ce choix, ce n’est pas un poids pour elle ce quotidien. Et les 45 minutes de repas ont passé vite, il a fallu qu’on se quitte pour se mettre au travail. J’avais encore 1000 questions à lui poser…

L’après midi, j’ai arraché les mauvaises herbes dans l’entrée. J’ai bien aimé, j’ai écouté des podcasts en italien, j’étais au soleil assise par terre. C’était agréable.

Ensuite j’ai aidé sœur Marie Laude à nettoyer les cuisines et le réfectoire. Puis à 17h, c’était l’heure de la prière alors ma journée s’est terminée.

C’est ici qu’on coupe toute ensemble les légumes.

Je suis allée dehors et Hermine et sa sœur parlaient avec deux sœurs sur « les choses de la vie », un peu philosophique, les choix de vie, qui aimer, comment mener sa vie… Les sœurs sont ensuite parties et j’ai mangé mon repas du soir (à 6h40 !!) avec elles, Hermine et sa soeur. C’était sympa, c’est une famille de Paris. On se disait que ces sœurs sont très courageuses finalement de mener une vie pareil. Et en plus, elles ont l’air heureuses ! Cela leur donne une énorme force de croire en dieu, de l’aimer… etc

Puis quand toute la famille est arrivée, je suis rentrée dans ma chambre pour continuer à écrire mes articles. La journée s’est terminée petit à petit.

Je vous souhaite une bonne nuit !