
Un nouveau jour se lève à Corchiano !
On est jeudi et c’est le jour que je suis de corvée. Je me lève donc un peu plus tôt, je dois être à la préparation du petit déjeuner à 7h avec un autre volontaire et Marco l’historien (Marco le rigolo qui lit l’horoscope). Ce n’est pas très compliqué, juste mettre sur la table tout ce qu’il faut pour que les gens puissent prendre leur petit déjeuner.

Je crois qu’il n’y a pas beaucoup d’argent dans cette association. Les fouilles archéologiques ont commencé il y a 40 ans ici, on dirait que rien n’a bougé depuis. Les tasses semblent dater d’une autre époque, les plateaux sont en plastique et tout rayés. Bon, ça fait son charme et ça n’empêche pas de manger !
C’est mon petit collègue qui se charge de réveiller tout le monde. Il a choisi de mettre sur l’enceinte une sirène, comme la sirène des pompiers du mercredi à midi. Plutôt anxiogène comme idée. J’avais pensé mettre le réveil des militaires à la trompette, je trouvais ça drôle, mais je l’ai laissé faire.

Pendant ce temps, je me charge de servir le thé et le café au lait des gens déjà réveillés. J’aime bien, je leur dis « Bonjouuuuuuuur », de très bonne humeur alors qu’ils ont qu’un oeil d’ouvert.
Les chaussures m’ont fait mal aux pieds hier, je prend une paire trop grande qui traine, je prépare mes affaires dans mon sac à dos (gant, bouteille d’eau, gâteaux, etc.) et en route !

On arrive, comme chaque matin, on doit sortir tout le matériel du fourgon. Les 4 zones de fouille sont un peu loin de la route alors on fait un bon bout de chemin avec tout plein de matériel. Il faut emmener 5 bombonnes d’eau de 10 litres, des mallettes d’outils, le matériel de mesure (utilisé hier), les dossiers de chaque zone. Hier on avait en plus emmené toutes les pioches, pelles, balais, tables en plastiques pour les croquis… Mais on a laissé cette partie sur place.

On arrive sur notre zone et Nunzia nous annonce une super nouvelle ! Il a été décidé d’ouvrir la zone de fouilles et de l’agrandir, la zone va être 5 mètres plus longue ! C’est génial, en agrandissant, on va voir si ça se prolonge et s’il s’agit vraiment de la route.


Pendant ce temps, les filles sont chargées de nettoyer la zone et d’enlever toutes les feuilles :

Nous ressortons les documents du dossiers de la zone pour décrire la journée d’hier et la décision prise aujourd’hui.

Les zone est propre, prête à être fouillée :

Maintenant, avant de commencer à creuser, il faut prendre des photos du terrain en indiquant où est le nord.



Puis c’est parti, on se lance dans les fouilles. Au début, on creuse :

Une petite vidéo en vitesse rapide (il faut aller vers le milieu) :
Puis, on bout d’une trentaine de minutes, on arrête cette technique. L’idée ne va pas être de fouiller en profondeur mais par strate. Notre sol est composé de différentes couches de terre, donc plusieurs strates. On va à partir de maintenant s’occuper d’enlever la première strate tout la zone, c’est à dire qu’on va enlever toute la partie supérieur de la terre, l' »humus ».
Ce n’est pas évident car avec la pioche il faut taper fort mais en meme temps ne pas aller trop profondément. Si la terre devient jaune c’est qu’il s’agit d’une autre strate et qu’on a été trop profond. Il ne faut pas toucher à cette partie jaune. Il faut enlever toute la partie en surface, la terre foncée avec pas mal de racines. C’est très physique.
Allez, à table et pause, il est 13h !
Je suis de corvée alors je dois aller chercher le repas de tout le monde au camion à la sortie de la foret. Sur le chemin, je perds la semelle de ma chaussure ! Pas pratique pour rapporter les caisses de repas et ne pas tout renverser.



Il est 14h30, il faut s’y remettre.
Il y a toute une organisation qui se met en place pour avancer à 5 sur notre zone :
=> Une personne pioche, deux personnes remplissent les seaux à la pelle et une personne fait des allers retours pour les vider dans la brouette. Et on tourne car piocher et remplir les seaux à la pelle c’est dur, c’est physique.
Quand c’est mon tour, je prends la pelle, je remplis des seaux et des seaux. Les seaux partent, d’autres reviennent vides devant moi, je les re-remplis. C’est très physique, la terre c’est si lourd finalement, il fait 40° à l’ombre, heureusement qu’on travaille en forêt! Quand je suis trop fatiguée, on échange, je fais une pause ou alors je m’occupe de vider les seaux. Je prends beaucoup de plaisir à me dépenser, cela fait très longtemps que je n’ai pas autant transpiré, je transpire à grosse goutte sur le visage, dans le cou. Mais je continue, je veux continuer, je ne réfléchis pas, ça me plait, je réfléchis pas, je creuse, je donne tout ce que je peux pour avancer. Nunzia me dit que je suis une machine, et me répète que je suis quelqu’un de super active ! Charlotte « on t’as déjà dit que tu es quelqu’un de superactive ?? ».
J’ai de la peine à supporter celles qui ne font pas grand chose pendant qu’on se tue à la tâche avec Nunzia et Rita. Mais j’essaie de me raisonner en me disant que les deux autres sont des filles très jeunes de17-18 ans et que chacun fait ce qu’il peut finalement.





Une petite photo humoristique ci dessus de Nunzia avec sa pioche car Elena à gauche se plaint dès qu’elle doit creuser et mettre les mains dans la terre. Elle aime mesurer et faire les dessins.
Voilà où on en est à la fin de la journée, vers 16h30 :

Fin de journée, on range !

On ramasse le matériel pour aller jusqu’au camion. Je suis très fatiguée et il me manque un bout de chaussure, je rentre en camion! En arrivant, on ramasse le matériel dans la gare. Beaucoup aiment glander en arrivant, boire une boisson fraiche, mais moi j’ai envie de prendre ma douche!
Pour la douche c’est épique, nous sommes une vingtaine et il y a une seule douche à l’intérieur et trois en extérieur avec juste un rideau. Bien sûre les douches sont tournées vers la gare. Il faut avoir le gout de l’aventure ! Au final, je sors d’une semaine de camping donc ça me dérange pas trop de prendre ma douche dehors. Par contre y a des gros coups de vent des fois, il faut bien tenir le rideau parfois pour ne pas se retrouver nu devant le groupe !
Puis je suis partie faire une sieste, je pensais dormir 20 minutes, j’ai dormi plus d’une heure. Quand je suis revenue voir le groupe, ils étaient en train de laver, trier et nommer des petits morceaux de poteries trouvés aujourd’hui et hier.


D’autres se sont lancés dans l’écriture d’une pièce de théâtre pour le groupe, chacun aurait un rôle :

Je suis toujours de corvée alors je suis appelée en cuisine pour aider à cuisiner et pour mettre la table.
A taaaaaaaaable :

Le soir, on a tous été boire un verre dans le bourg de Corchiano. On est beaucoup, on a fait le chiffre d’affaire du bar du coin. Un petit spritz quand il fait bien chaud en Italie, ça fait toujours plaisir ! Durant cette soirée on a bien parlé avec Marie et Ines (deux francophones) et j’ai rencontré deux nouvelles recrues qui vont nous rejoindre dès demain sur le chantier. Se sont deux jeunes diplômés archéologues qui viennent juste d’arriver et qui vont renforcer les équipes. Pour notre zone on manque de bras pour creuser plus vite alors ça va nous faire du bien.

Je suis contente car ce soir je suis les conversations en italien, ça me fait tellement plaisir !
Il est minuit et demi, on rentre se coucher.