Allez, debout, il est 6h30, une grande matinée nous attend ! Pendant notre petit-déjeuner, le gentil Mary passe par là avec son chien et nous demande si nous sommes partis à la découverte de ce qu’il nous proposait vendredi soir. C’est avec plaisir qu’on lui raconte notre balade sur la colline et notre « fish and chips» de la veille. Alors vous pourriez vous demander, mais comment se fait-il qu’il promène son chien si tôt ? En fait ici, entre 6h et 7h du matin, c’est une autoroute à chiens ! Beaucoup beaucoup de néo-zélandais ont un chien et ils les promènent à cette heure-ci le long de la mer. Il y en a de toutes sortes, des petits, des gros….on n’a pas trouvé de commun accord sur la race de notre futur chien devant ce festival quotidien mais la négociation est en cours. On conclut la conversation avec Mary en disant qu’on est un peu pressé avec la vente de notre véhicule et que nous devons partir. Au revoir Mary, c’était la dernière fois que nous avons eu l’occasion de croiser son chemin.

 

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(« Raymonde, fais quelque chose, il faut qu’on te trouve des nouveaux propriétaires ! »)

 

On range Raymonde, on la fait briller une nouvelle fois. Il est 8h, nous partons. Nous avons 30 minutes de route pour nous rendre dans l’est d’Auckland, au fameux « Carfair ». On y arrive, nous payons 30$ (18€) pour mettre en vente notre voiture sur le site (on l’avait lu). Il y a une section pour les voitures et une section pour les véhicules aménagés/van. Il y a vraiment beaucoup de véhicules aménagés et il y en aura de plus en plus tout au long de la matinée. Imaginez environs 4 allées de parking soit une cinquantaine de véhicules, tous les uns à côté des autres (bien collés!). Nous, on se trouve un emplacement avec des places de libre de chaque côté, on respire davantage !

Il est 8h30, on ouvre toutes les portes de la voiture et surtout le placard de notre petite cuisine. On valorise aussi le fait que nous sommes français sur une petite affiche. Pour un achat, on se dit que des français seront contents de pouvoir discuter dans notre belle langue. On baisse le prix à 5 500 € pour l’occasion. Après nos résolutions de la veille, notre objectif est simplement de le vendre (sans le brader non plus!).

Le site ouvre au public normalement qu’à 9h mais il y a déjà une jeune française qui s’intéresse à notre véhicule. Elle n’a pas l’air très à l’aise, elle regarde très rapidement l’intérieur puis elle va voir un autre véhicule. C’est frustrant ! Ça ne se déroule pas comme nos précédentes visites, on n’a pas le temps de dire tout ce que nous voudrions sur notre Raymonde. Nous passons une petite heure à regarder les gens passer. Jusqu’à maintenant, les gens regardent simplement le prix affiché (trop élevé à leur goût) puis passent à une autre.

 

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(« Bienvenue chez Raymonde ! »)

 

Finalement, un homme entre dans le van et regarde de très près l’aménagement intérieur. Il revient vers nous à l’arrière pour regarder la cuisine. Après son inspection il vient nous dire que l’aménagement est vraiment de qualité et beau. On lui explique que nous l’avons acheté à des français qui l’ont aménagé eux-même. On est à la fois surpris et rassurés que quelqu’un le trouve si bien. Il finit par se présenter et nous apprenons que cet homme a un garage. Il achète et revend des véhicules. Je lui demande s’il serait intéressé par le nôtre. Il marque un temps, il réfléchit. Il nous demande « A combien me le vendriez-vous ? ». Très surpris par la question…on se regarde, sans répondre. Il nous explique où il est placé sur le marché, nous donne son numéro et nous propose de revenir le voir quand on veut. Il s’en va. Enfin une bonne nouvelle, un garage serait prêt à acheter Raymonde et nous félicite de la qualité du véhicule… On va peut être finir par le vendre à quelqu’un ! Mais à quel prix la voudra-t-il ? On ne sait pas… En tous, cas nous reprenons confiance en cette vente.

De nouveau, des dizaines de personnes passent devant le van, voient le prix et passent leur chemin. Ils ne regardent toujours pas l’intérieur. Face à ce moment de flottement, nous allons l’un après l’autre voir les autres véhicules présentés sur ce « Car fair ». Il y a toute une allée de couples comme nous qui vendent leur van en fin de voyage, surtout des vieux camions aménagés. Sur d’autres allés, ce sont des garages qui vendent des voitures « aménagés »….il s’agit en fait de voitures qu’ils aménagent eux-même avec trois planche et un évier bancal… ça sent l’arnaque à plein nez tous ces véhicules de garage à 3 francs 6 sous. On se rend compte que nous avons le plus beau véhicule du marché mais aussi le plus cher. On commence à comprendre que les gens n’ont pas un si gros budget que le nôtre pour avoir un van. Ils ont l’air d’avoir entre 1500€ et 4200€ et s’intéressent à tous ces drôles de véhicules du marché. C’est un problème.

 

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(Le Carfair d’Ellerslie, petit aperçu de l’environnement)

 

Puis, il est 10h30 et le monde attire le monde : vont s’enchainer plusieurs visites de personnes qui regardent l’intérieur et vont nous poser des questions. Je vais faire plusieurs visites en anglais auprès d’israéliens, d’un allemand… sans m’arrêter ! Les israéliens sont très intéressés, ils lisent les factures du véhicule (wouahou, une première !), regardent sous le capot si tout va bien… Le jeune est même parti l’essayer avec moi. Lorsque nous avons traversé le marché pour en sortir et rouler un peu, tous les autres vendeurs nous regardaient. En fait, c’est rare que les gens aillent jusqu’à l’essai du véhicule. A la fin de la balade, les israéliens sont toujours intéressés, nous disent qu’ils vont réfléchir et revenir vers nous.

J’ai discuté très longuement avec l’allemand. Il tente de négocier, on sympathise… il me montre les autres véhicules qu’il a vu similaire selon lui et moins cher… mais je lui rétorque tous les avantages de Raymonde (peu de km, caméra de recul, alarme anti intrusion…). Il s’en va en me disant qu’il fera peut-être une offre tout à l’heure par texto. Très bien, peut-être une piste.

La française du début, rode autour de nous, revient de temps en temps regarder notre voiture. Elle a l’air indécise. Elle nous demande aussi si ça mord de notre côté… « au cas où ».

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(Notre belle affiche)

 

Pendant que je parle avec l’allemand ou les israéliens, Nicolas discute avec d’autres personnes et notamment deux français vont visiter le van. Les autres vans qu’ils ont vu ici sont selon eux pas assez fiables mais le nôtre a l’air « beau et récent ». Ils vont nous poser beaucoup de questions et ont l’air très exigeant vis-à-vis du véhicule… Pour la deuxième fois, on va même sortir du « Car Fair » pour qu’ils l’essaient. Nous allons finalement apprendre qu’ils ont un budget de 4200€ et pas un euro de plus. On se demande si c’est une blague. En fait, ils savent qu’on part bientôt donc, ils jouent la dessus. C’est vraiment la fosse aux lions ici. Les gens s’en fichent de nous laisser brader notre voiture parce qu’on est pressé par le temps… ça nous mets en colère ce genre de comportement…. «  C’est bien des français pour faire ça tiens ! ». On dirait que les gens veulent la modernité, la fiabilité, peu de kilomètre mais ne veulent pas mettre le prix. Rien que pour ça, c’est sûr que ce n’est pas à eux qu’on le vendra.

Les Israéliens reviennent pour nous dire qu’ils souhaitent l’acheter si une légère marge de négociation est possible et l’emmener au garage le lendemain pour une inspection mécanique avant l’achat. Parfait ! On accepte !

L’allemand nous envoie un texto pour nous faire une offre à 4200€. Son argument est de dire qu’il n’a pas besoin d’un si bel aménagement ou d’autant d’options. Oui, mais notre véhicule a tout ça et ça se paye…débilos !

Il est midi, c’est bientôt la fermeture du marché. Plusieurs autres vendeurs viennent nous voir en disant : «  Il est beau votre van ! Vous avez tellement de succès avec, vous avez de la chance ! vous l’avez fait essayer deux fois ! Moi le mien, pas une seule personne n’a daigné regarder ne serait-ce que l’intérieur ». Nous, on relativise. On est content que notre van plaise mais après ce qu’on a vécu, on sait que tant que la vente n’est pas faite…il n’est pas vendu.

Après toutes ces visites éclairs, toutes ces négociations, tous ces rebondissements, nous sommes exténués. Nous gardons en tête deux pistes sérieuses, le couple d’israéliens qui souhaitent l’acheter suite à l’inspection mécanique de demain et le garage en roue de secours. Ca valait le coup ! Cet après-midi, nous n’avons rien de prévu. Ce soir, nous avons la visite d’un couple qui débarque d’un vol et souhaite jeter un coup d’œil à Raymonde dès en arrivant. Ca nous laisse le temps de se reposer et profiter un peu… Allez, on va manger, ça va nous faire du bien.

Finalement, le repos va être de courte de durée car nous recevons le message d’une française arrivée en Nouvelle-Zélande qui souhaite le visiter. Pas question de laisser passer une potentielle vente malgré la fatigue qui s’installe alors nous fixons le rendez-vous dans 45 minutes. Nous mangeons rapidement, il est 14h30, nous voilà dans le centre d’Auckland pour faire visiter. La jeune française a 30 ans et a l’air bien enthousiaste. Elle nous fait la bise d’emblée alors que nous sommes encore dans le véhicule et nous raconte ses aventures en Asie. Elle souhaite rester jusqu’à l’été prochain en Nouvelle-Zélande et vivre dans une maison à 4 roues. Nous faisons le tour du véhicule ensemble, prenons le temps de tout lui montrer, de tout lui expliquer. Elle est très curieuse, pose beaucoup de questions. Elle s’y connait vraiment beaucoup, elle regarde les niveaux sous le capot et de toutes les visites que nous avons faites depuis une semaine, c’est la seule qui a vérifié l’état des pneus ! En fait, ce n’est pas le premier véhicule aménagé qu’elle achète et elle sait parfaitement ce qu’il faut vérifier d’un point de vue technique. Je pars avec elle pour qu’elle puisse l’essayer. Je la briefe rapidement sur la conduite à gauche, peu évidente au début. Cela fait plus de deux heures que nous sommes avec elle, et nous avons vraiment pu lui dire tout ce que nous savons sur Raymonde. Elle souhaite l’acheter mais elle veut un temps de réflexion. On lui laisse jusqu’à le lendemain, 12h00, pour nous dire si elle le prend ou non, cela lui va parfaitement…la nuit porte conseil !

Il est 17h, nous devons prendre contact avec notre dernier potentiel acheteur de la journée qui vient d’atterrir. Je vous passe les détails mais nous avons passé la soirée à attendre ce couple au point de rendez-vous sans qu’ils s’excusent une seule fois de leur retard. Et plus tard, ils voulaient qu’on les rejoigne là où ils sont, à 1h de là où nous dormons ce soir… hors de question. Oui, nous voulons vendre Raymonde, mais on tient encore à notre dignité. On grogne toute la soirée, on se demande sur quel genre de couple nous sommes tombés…

 

(On attend, on attend, on attend…)

 

Après l’avoir attendu 4h on va finalement voir le fameux couple de français à 21h. Après la journée que nous avons passé, cela nous exaspère qu’ils visitent si tard. La visite ne va même pas durer 10 minutes. Le jeune va commencer par demander si nous vivons tous les deux dedans, ce qui nous a fait doucement rire…. (« non non, moi j’ai ma voiture à côté et on se suit… »). Depuis ce matin, nous faisons visiter Raymonde sans arrêt alors notre discours est maintenant bien rôdé. Nous sommes presque devenus des robots… Cependant, pour ce couple, on ne prend pas la peine de tout leur expliquer ou d’ouvrir le lit. Le jeune homme, un peu imbu de sa personne, cumulé à notre fatigue, cela ne fait pas bon ménage. On coupe court à la visite, on discute un peu avec eux cordialement et bon débarras, c’est terminé ! Vu son attitude, il n’avait de toute façon pas l’air intéressé. On regrette de les avoir attendu 4h pour une visite de 10 minutes mais c’est comme ça.

Après une belle journée de visite, de 8h à 21h30, les vendeurs en herbe vont rentrer se coucher. Nous sommes rassurés d’avoir fait des visites toutes la journée. Statistiquement, on a plus de chance que la veille que cela débouche sur une vente….

Vivement demain ! A midi on saura si la française le prende et à quel prix… si non, à 16h il y a l’inspection mécanique avec les israéliens. Pourvu que ce soit la dernière ligne droite…!

C’est avec nostalgie que nous allons nous coucher ce soir. C’est notre dernier dodo avec Raymonde ! Dernière fois que nous faisons le lit, dernière fois que nous dormons sur un parking, dernier moment avec Raymonde. Demain nous la vidons…. nous dormirons ensuite dans une petite location dans Auckland que nous avons réservé jusqu’à la fin du séjour. Ça sent la fin de l’aventure !

[Distance parcourue à pied ce jour : 6 km ]

 [Décollage pour la France dans : J – 4]