Nous partons de Huaylas, je suis à l’avant du minibus vers Caraz. Un grand trajet vers Cuzco nous attend. Le conducteur est à ma gauche et un homme plutôt jeune à ma droite. Nous commençons à être bien habituées avec Elodie à ce trajet d’une heure vers Caraz sur cette route de terre et de cailloux. Dès le début du trajet, chacun leur tour, mes deux voisins font le signe de croix. Ça me rassure peu, surtout quand c’est le conducteur qui le fait. Il l’a refait une deuxième fois au milieu du trajet quand nous sommes passés devant la statue d’une vierge (il y a plusieurs vierges j’ai l’impression, pas seulement la mère de Jésus). Ils sont vraiment très croyant ici, lors de nos « au revoir » hier, nous avons entendu à plusieurs reprises des souhaits à tendance religieuse pour nous « que Dieu vous protège » « Dieu fera que vous reviendrez nous revoir ici » « Dieu va vous protéger tout au long de votre voyage »…


Bref, nous arrivons à Caraz sans encombre, il est 18h, il commence à faire nuit. Avant de partir de Huaylas, et que nous patientions dans le mini-bus, nous entendions très fort le bêlement d’un mouton. On ne s’est pas posées de question puisqu’à Huaylas, les moutons ne sont jamais très loin… mais en fin de trajet, quand nous sortons du mini-bus à Caraz, qu’est ce qu’on voit descendre du toit de notre mini-bus ? UN MOUTON pattes liées !

Nous commençons à marcher. Chargées comme des mules avec nos 7 sacs, on ne passe pas incognitos (surtout que Caraz n’est pas très touristique). Nous nous rendons dans un « cybercafé », dans une pièce avec que des ordinateurs d’une autre époque pour avoir internet. Demain, on prend l’avion et nous devons imprimer nos cartes d’embarquements. Sans ça, nous devrons payer un supplément demain. Le monsieur qui tient la boutique est très gentil. Ici, on voit beaucoup de personnes ; enfin, il y a beaucoup de jambes alors on suppose. Chacun s’organise dans sa toute petite case (car il y a des petites cloisons entre chaque ordinateur), sur son écran, et ils ont l’air d’être surtout sur facebook… C’est curieux, ça faisait longtemps que je n’avais pas pénétré dans ce type d’endroit.

Allez, c’est imprimé, nous reprenons toutes nos affaires, maintenant dehors il fait nuit. Nous faisons signe à un moto-taxi, nous mettons nos affaires à l’arrière et on grimpe dedans : direction la station des bus qui se rendent à Lima. Dans le moto-taxi, il n’y a pas de lumière, l’air passe partout (car il n’y a pas de porte), la moto fait beaucoup de bruit et le conducteur tente de nous faire la conversation. On essaie de comprendre, distinguer des mots en espagnol de sa voix dans tout ce bazar, c’est marrant ! Ça doit être frustrant d’être aussi bavard et de ne pas pouvoir parler avec ses clients. En 10 minutes nous voilà à bon port, on peut attendre notre bus dans une belle salle au chaud, en sécurité. Elodie organise un petit jeu avec les agents qui pèsent les bagages :
– « vous pensez qu’il pèse combien mon sac ? »
– « 13 kg ? Ahhh vous avez perduuuuu ».

Il est 20h, nous sommes dans le bus en direction de Lima. Nous en avons pour 10h mais il est tout aussi confortable qu’à l’aller. On peut allonger le siège, et bien dormir. Nous nous endormons d’ailleurs très très rapidement, la nuit d’avant a été courte avec le concert de Victor. Je me réveille vers 4h du matin, on est en train de longer la côte pacifique, il y a une circulation terrible. Une 4 voies avec des feux partout, beaucoup de bruits de klaxon, de circulation, beaucoup de gens qui changent de voie… Incroyable tout ce monde sur la route en pleine nuit, tous ces phares qui bougent, ça grouille, ça doit être la même chose jour et nuit. Je n’aurai pas l’occasion de vérifier
Il est 5h30 du matin, il fait toujours nuit, on est déposées à Lima. Nous rentrons dans l’agence du bus car Lima n’est pas une ville très sûre, d’autant plus pour les touristes. On préfère attendre en sécurité. Notre avion n’est qu’à 14h30 alors on décide de patienter quelques heures ici, ça nous permettra de varier les lieux d’attente. Vers 7h30, on contacte un taxi avec Uber, alors on sort de cette pièce pour aller au bord de la route. On découvre une grande avenue de 6 voies avec beaucoup de circulation, plein de gens, plein de bruit. On n’était plus habituées à ça au milieu de nos vaches et de nos moutons. Ça nous fait tout drôle toute cette effervescence. En plus, ça sent vraiment la pollution.

En attendant notre taxi, au loin, on distingue du relief. On ne trouve pas ça très haut, on se demande si ce n’est pas un grand tas de sable, une carrière… On s’aperçoit que tout autour de nous, on est entourées de ces grands tas de sable.
« Mais attends, c’est pas des tas de sable, c’est des montagnes ! »
On était tellement habituées à nos montagnes de 5 000 mètres d’altitude à Huaylas qui nous entouraient à Huaylas, que des montagnes de 1500 mètres d’altitude, on se demande si s’en est vraiment…c’était vraiment drôle, ça nous a questionné un moment. Depuis, la petite boutade revient dans nos discussions dès qu’on voit une petite montagne : « ah, ça, c’est pas un tas de sable non plus, c’est une montagne. »
Bref, on grimpe maintenant dans le Uber. C’est un monsieur proche de la retraite qui nous conduit, il nous raconte qu’il n’aime pas Lima mais que toute sa famille est ici alors il reste. Ça fait 40 ans qu’il habite dans une ville qu’il n’aime pas.

Il nous dépose à l’aéroport. L’attente passe vite, on prend un petit déjeuner et on écrit nos carnets de voyage.

Vers 15h00 nous décollons et vers 16h nous étions déjà à Cuzco. Le propriétaire du logement que nous avons loué vient nous chercher à l’aéroport, nous voilà dans sa voiture. Il est super gentil, il s’appelle Fernando. Un policier arrête notre voiture à la sortie de l’aéroport car il pense que c’est un taxi non déclaré. Il fait croire au policier qu’on est ses cousines et qu’il devait venir nous chercher à l’aéroport. Ça fonctionne, c’est drôle. On reprend la route et je lui dis « alors comme ça, on est vos cousines ?! », il rougit et me dit « ah, tu as compris ce que j’ai dit…vous parlez bien espagnol toutes les deux alors ! ». On a bien discuté durant les 15 minutes de trajet puis on est entrés dans l’appartement. Il est très beau, il y a une machine à laver, une douche avec eau chaude…. on est super contentes !


Nous partons faire des courses. Dans le magasin, on commence à sentir que nous ne sommes plus tout à fait nous-mêmes. Réfléchir devient difficile, choisir tout autant, et on a de moins en moins de force. On avait l’impression d’être saoules ou droguées ! On décide de prendre l’essentiel et de quitter le magasin. On se demande vraiment ce qu’il nous ait arrivé… c’est sans doute dû au fait que nous sommes maintenant à 3400 mètres d’altitude, et que notre corps n’est pas habitué. On est à 700 mètres de plus qu’à Huaylas. Le soir on s’est droguées aux feuilles de Coca dans de l’eau chaude, il y en a plein dans un bocal de l’appartement. C’est la technique ici pour vaincre les effets de l’altitude.
Demain Nicolas atterrit au Pérou, les vacances commencent !