
Tous les matins, je mange en compagnie de dieu dans la cuisine à côté de ce vitrail :

Il est écrit « apprenez de moi », ce vitrail ne me rassure pas.
Ce matin j’ai continué mon allée d’ibiscus, j’ai terminé de désherber, ouf ! Cet après-midi je passerai au paillage. C’était agréable ce matin de travailler dehors.

Je commence à avoir ma petite routine, il est 13h, je m’en vais à l’épluchage des légumes. Avec la soirée de la veille où nous avons pu parler une bonne demi-heure avec les sœurs, je trouve le contact plus facile dans cette pièce aujourd’hui. On ne se parle pas, mais j’ai pu percevoir une petite complicité quand même. Aujourd’hui j’ai pelé une cagette énorme de pommes de terre. Je les mettais dans une bassine d’eau qui était au milieu de la table. Une autre sœur, les prenait et les coupait en morceaux.
C’est une vraie entreprise cette affaire de coupage de légumes. Si quelqu’un termine sa cagette de légumes, elle va aider quelqu’un qui n’a pas fini la sienne. Et tout le monde fait ça. Alors petit à petit, on se retrouve à toutes faire les mêmes légumes (car il y a bien une dernière !), et cette fois-ci, à la fin on était toutes sur mes patates alors ça s’est fini en une minute ! Puis l’une d’entre elles fait la vaisselle de tout : toutes les planches à découper par millier, les bassines de rinçage, les couteaux…. Pendant ce temps 3 sœurs passent le balai, la serpillère, et on est trois à essuyer. Je vous le dis c’est une vrai entreprise, en maximum 40 minutes tout est fini, propre, on pourrait dormir par terre.
Ensuite on a été manger. Ce midi en mangeant je fais l’entretien avec sœur Marie-Laude. C’est la soeur « responsable » de ce couvent, qui se soucie de moi, de mon planning. Elle était d’accord de partager son parcours, le moment où elle a fait le choix de devenir sœur, ses ressentis de vivre dans un couvent, le sens de sa vie…
J’ai mis mon dictaphone en route et c’est parti pour les premières questions. La conversation a duré tout le temps de la pause, près d’une heure. C’était passionnant. Je crois qu’elle a répondu avec beaucoup de sincérité, exprimé ce qu’elle ressent au plus profond d’elle. Connaitre son parcours, les raisons de ce choix radical, m’aide beaucoup à la comprendre et à les comprendre. Cela rend les sœurs beaucoup moins mystérieuses. Elle sait que c’est une vie spéciale, que tout le monde ne pourrait pas être sœur (sinon il n’y aurait plus d’enfant !), elle est tournée vers l’extérieur malgré tout…
Soeur Marie Laude est quelqu’un qui me semble très sereine.
L’échange a été très riche et très intense. Je vous partage simplement une petite partie concernant sa décision de devenir sœur car je ne peux pas réécrire une heure d’entretien maintenant.
Le choix de devenir soeur a été murement réfléchi et elle se sent pleinement heureuse depuis qu’elle a fait ce choix. Avant de devenir soeur, elle avait une belle vie qui lui plaisait. Elle avait 18 ans, elle était étudiante à Paris en philosophie durant 3 ans et elle adorait cette ville ! Elle a ensuite commencé des études d’ergothérapie pendant 2 ans car elle avait envie de quelque chose de plus « pratique ». Mais elle n’est jamais devenue ergothérapeute. Mais elle se souvient que quand elle passait devant une église, elle avait parfois besoin de s’y arrêter pour récupérer des forces, se sentir bien. Elle avait soif de spirituel, de silence, de dieu. Elle n’avait pas envie de changer sa vie pour autant, elle aimait sa vie. Donc le temps passait ainsi, en vivant un quotidien qui lui plaisait tout en étant vivant sa foi. Mais avec le temps, elle sentait qu’elle avait besoin de plus. Et elle a compris petit à petit que si elle ne changeait pas sa vie, il y aurait toujours ce petit vide en elle, et qu’elle ne pourrait pas être pleinement heureuse si elle ne changeait pas quelque chose.
Un jour, elle a rencontré un prêtre très âgé, « un ange », « un homme de dieu », qu’elle me dit, à qui elle a expliqué ce qu’elle ressentait, qu’elle trouve qu’être auprès de dieu la nourrit vraiment. Pour devenir soeur, il lui fallait un appui, elle n’aurait pas pu prendre cette décision seule. Alors, elle a eu cet appui grâce à ce prêtre. Elle n’aurait pas eu le courage toute seule de se lancer, et ses parents ne l’auraient pas aidée. Alors il lui a proposé d’essayer, elle a mûri cette idée pendant 5 ans et elle est entrée à 24 ans et ça lui a plu. Une dizaine d’années se sont écoulées entre le moment où elle est entrée en tant que soeur et le moment où elle a fait ses voeux perpétuelles, pour toujours, comme le mariage. Les 10 années à passer dans le couvent, c’est le parcours classique des soeurs et cela leur permet d’e voir ce que c’est d’être soeur’expérimenter cette vie là. Donc elle a eu du temps pour y penser, pour la vivre, puis elle a choisi que ce soit pour la vie !
Bref, voilà, c’était une petite partie mais je vais rédiger son portrait complet prochainement, son enfance, d’où elle vient, ses rêves… J’ai reçu énormément d’informations en 1h. Mais dans mon petit livret de portraits, elle sera présente bien entendu !
Après tant d’émotions, j’ai continué à pailler mes petits ibiscus et j’ai finalement terminé l’allée. Me voilà jardinière en cheffe !
En plus j’adore les ibiscus, j’aurais bien aimé voir cette allée avec les belles grosse fleurs !




Puis, je suis allée dans la cuisine pour mettre en bouteille de la liqueur de noix. Les italiens boivent beaucoup cela par ici. Cette liqueur a été faite il y a un an avec :
- De l’alcool à 90
- Du vin blanc,
- De la cannelle
- Du sucre
- Et des épices
Quand j’ai ouvert le « vase » de 20L , ça sentait hyper fort, et hyper bon ! Je crois que je me suis saoulée rien qu’avec les vapeurs. Cela va faire un an le mois prochain qu’il a été fait alors hop je mets un tablier et je mets en bouteille, c’est parti ! Info importante : la noix, ça tache.
Il faut d’abord filtrer la préparation car il y a du dépôt, et ensuite grâce à l’entonnoir, je verse dans les bouteilles une par une. Ca m’a plu de faire ça, c’est la première fois que je mets en bouteille de l’alcool. J’ai l’impression d’être une petite chimiste.




J’ai fait une quinzaine de bouteilles, environ un tiers, demain je ferai le reste et je collerai les étiquettes.
Juste avant vêpres, Sœur Marie Laude et Sœur Marthe Ségolène passent me rendre visite. Et super chouette, soeur Marie Laude a bien aimé l’interview et a permis de convaincre sœur Marthe Ségolaine de le faire aussi ! Alors on a RDV demain pour manger ensemble et échanger !
Après 5h30 de travail dans les pattes, du jardinage, l’interview, l’alcool à mettre en bouteille, je suis bien fatiguée.
Ce soir on fait un appel-vidéo avec Elodie et un couple pour un prochain workaway en juin. On recherche un workaway à faire ensemble pour tout le mois de juin et cela demande beaucoup de temps et d’énergie. On doit faire beaucoup de recherches, essuyer des refus, parfois des confirmation et dans ce cas on fait des appels-vidéo. Ce soir, l’appel-vidéo de ce soir c’est pour travailler en extérieur, dans la région de la Calabre, dans le sud de l’Italie. L’appel s’est bien passé mais sans plus, on a d’autres pistes, on va comparer. La fille était sympa mais ça manquait d’échange, parfois on avait rien à se dire.

Et cette semaine, il y a une école de petits anglais qui a loué tout l’hôtel. Il sont arrivés ce soir. Ils ont environ 10 ans et étaient vraiment surexcités ce soir. On n’entend qu’eux depuis 21h30…. En me promenant je croise sœur Marie Laude qui en a marre du bruit et qui monte voir les enfants « je veux pas jouer le rôle de la bonne sœur méchante mais là… » elle m’a fait bien rire !
Je trouve qu’elles ont beaucoup de recul sur elles et leur image !
Bon allez bonne nuit à demain pour deux nouveaux entretiens !