Un nouveau jour bien chaud se lève à Corchiano!

Les chaussures de sécurité trop grandes de la veille ayant rendus l’âme, je reprends les chaussures trop petites qui me font des ampoules.

Aujourd’hui, nous avons du renfort! On a bien travaillé hier mais on a besoin d’aide pour avancer car le travail est vraiment physique, on est à la pioche, à la pelle et on se fatigue vide. On enlève tellement de kilos de terre ! Donc c’est pas mal d’avoir cette nouvelle recrue sur notre zone, on avancera plus vite.

Nunzia m’apprend à piocher pour bien piocher en profondeur mais pas trop tout en essayant de me préserver. Il y a tout une technique, tout un coup de main à acquérir !

Une barre chocolatée pour se donner des forces

Rita la cheffe de notre zone travaille avec Elena sur les plans de la zone.

Puis Elena se remet sur les plans :

Apparemment Elena est longue à faire les plans, ça lui prend en général la journée. Cela ne lui permet donc pas de nous aider à creuser… du coup on rit beaucoup car Nunzia lui demande régulièrement si elle est en train de travailler sur les plans de la chapelle Sixteen. « Alors, comment va la chapelle sixteen? » . C’est très drôle !

Allez c’est l’heure du repas :

Allez on retourne sur notre zone :

Sur la droite, il y a la grande paroi en tuffeau et une épaisseur de terre par dessus. Pas facile de travailler sur ce côté car il y a des arbres. Alors Riccardo est venu sur notre zone pour les couper :

Ricardo et sa tronçonneuse abat les arbres de notre zone

Notre terrain de fouilles est vraiment compliqué car il y a énormément de racines. On ne peut pas creuser tranquillement à la pioche ou à la pelle car on est souvent pris dans les racines. Plusieurs petits arbres ont été coupés sur notre zone, donc ils ont aussi laissé des grosses racines. On doit sans arrêts s’arrêter pour les couper avec une grande cisaille… c’est assez usant ! Ca prend beaucoup d’énergie! Admirez toutes les grosses racines que Nunzia essaie de couper :

Des racines
Dur dur de travailler dans ces conditions !

Tout au long des fouilles, on trouve des mini morceaux de poterie de quelques centimètres de long. A chaque fois, on les présente à Nunzia qui nous dit en un coup d’oeil si c’est plutôt récent, Moyen Age, Antiquité…. elle détermine cela très vite en fonction de la matière, si c’est peint ou non… c’est impressionnant ! Parfois elle peut même nous dire à quel type d’objet cela pouvait appartenir. On les met ensuite dans un sac plastique en fonction de l’unité stratigraphique. Aujourd’hui il n’y a qu’une US donc pas de raison de se tromper. Le soir, on les nettoiera et triera, tout comme cela a été fait hier soir.

Bon a enfin fini d’enlever la première strate de toute la zone ! C’est l’heure du nettoyage pour pouvoir prendre des photos demain, lors de notre dernier jour de fouilles.

En quoi consiste le nettoyage d’une zone ? Il s’agit d’enlever toute la terre qui peut partir à la ballayette, on enlève toute la partie mobile, tout ce qui peut s’envoler. Au départ ça va, on balaye sur la paroi en tuffeau. Puis ça se complique puisqu’on balaie la terre sur de la terre.

On s’est tous mis en ligne, on avait chacun 70 centimètres environ et on devait descendre jusqu’au bout pour nettoyer toute la zone.

Sur la photo ci-dessus, on voit Rita debout en rose et Nunzia l’archéologue à genoux. Rita aime faire ces travaux d’archéologie, elle vient chaque année deux semaines, elle dit que ça lui vide la tête. Elle n’a pas une vie personnelle très facile, et au moins quand elle vient là elle ne pense à rien d’autres qu’à creuser, chercher. Je suis assez d’accord avec elle sur ce point là, quand on est sur le chantier, on est très impliqué physiquement et du coup mentalement dans les travaux. Et c’est tellement atypique et passionnant qu’on peut que s’impliquer à fond.

Allez hop, il faut que le tuffeau soit tout beau tout propre ! Cette étape était plutôt c’était facile, on fait descendre la poussière jusqu’en bas jusqu’à ce que le tuffeau soit bien jaune. C’est de nettoyer la terre qui était plus compliqué. Sur la vidéo ci-dessous, on voit Nunzia qui gratte pour avoir une surface plane, puis elle a ramassé la terre qu’elle a gratté. Sans fin cette affaire !

On arrive au bout de la journée, on continuera à nettoyer demain pour les photos de la zone.

Voici une vidéo de fin de journée pour voir un peu notre environnement de travail en forêt :

En repartant, on passe par la zone de fouilles où ils cherchent devant une tombe. Après des semaines de travail, ils ont toujours rien trouvé ! Fin de fouille ici, fermeture de la zone.

Retour à la maison !

Ma main après 3 jours de travail :

Après la douche, une photo de groupe est prévue :

Sauf qu’en fait, c’était un piège… regardez la fenêtre au dessus de nous:

Ca se prépare avec des bassines d’eau !!

Voilà la suite…

Et une autre bassine sur notre tête sur la droite:

Et on s’éparpille :

Cette semaine, j’ai fait connaissance de la petite équipe francophone, français ou suisse, ils sont trois ça va aller vite. Par exemple, il y a Quentin. Quentin a 27 ans et est étudiant en 2 ème année d’archéologie, il a fouillé a Perpignan pendant un mois avant de venir. Sur ce chantier, ils partaient de zéro rien n’avait commencé donc ils ne savaient pas sur quoi ils allaient tomber. Il est resté suffisamment longtemps pour voir l’évolution du chantier. C’est pour ça que c’est intéressant de rester longtemps sur un chantier, on voit la logique des archéo, la façon dont un chantier avance…. Lui il est tombé sur un cimetière, il est tombé sur des centaines d’os. Il trouvait pas ça super intéressant alors que les autres adoraient ! C’était un chantier datant plutôt du Moyen Age mais quand on creuse on tombe malgré tout sur un peu toutes les époques ! Après le chantier ici en Italie, il fera un chantier de fouilles au Portugal. C’est lui qui lit un bouquin sur les hiéroglyphes le soir, original! Son rêve c’est de devenir archéologue en Amérique du sud, chez les Mayas. Mais pour cela, il faut avoir pas mal d’expériences terrain en archéologie, et faire un maximum de chantiers de fouilles. C’est ce qu’il a choisi de faire tout l’été avant de reprendre les cours en septembre !

Il y a aussi Marie qui est très jeune, elle a 19 ans. Elle a fait khâgne et hypokhâgne, donc plutôt des études littéraire. C’est son second chantier de fouille, elle est passionnée aussi. Elle s’oriente maintenant plutôt dans l’archéologie à Paris pour la rentrée de septembre. Elle est studieuse, sérieuse et très cultivée. Si on ne connait pas quelque chose, on peut lui demander ! Et puis Inès, elle est suisse et a 24 ans. Elle est un peu comme moi, elle vient juste la par curiosité car elle fait des études supérieures en mécanique (pas comme moi). Inès est en face de moi dans le dortoir, je la découvre petit à petit, elle est très sympa et rigolote, on rit beaucoup ! Elle parle des choses avec beaucoup de dérision, je trouve ça drôle cette vision du monde. Elle est étudiante en Suisse et va commencer une année Erasmus à Turin à partir de la rentrée. Elle utilise un peu des mots anglais spontanément quand elle parle (en français). C’est surprenant au début. J’ai fini par lui poser la question de savoir pourquoi elle met autant de mots anglais dans les conversations. Et elle a ri, elle est très lucide à ce sujet : « Ahhhhh pardon, c’est vrai que je parais un peu snob à mettre un mot anglais au milieu de la phrase, mais c’est juste que je suis en colocation avec des personnes de différents pays et ma langue du quotidien avec eux c’est l’anglais donc pour certains mots c’est l’anglais qui vient en premier ». Oooooooooook tout s’explique !

Voilà, j’ai fait le tour des francophones, tous les autres se sont les italiens + un suisse qui parle italien !

Et oui en Suisse, il y a une toute petite partie qui parle italien, c’est le Tessin ! C’est un petit canton mais Giacomo venant de la bas nous a tout expliqué, c’est sa langue maternelle super intéressant ! Ines étant de la suisse Francophone, on avait deux suisses pour tout nous expliquer. On a de la chance de les rencontrer, en plus ils sont de deux parties du pays bien différentes.

Allez une petite carte qui explique tout ça :

Super intéressante cette carte, on voit bien la pluralité des langues du pays et qu’on parle en majorité allemand. Il y a presque 9 millions d’habitants en Suisse et « seulement » environ 360 000 sont de Suisse Italienne.

Giacomo donc parle italien avec les italiens et ne connait le français que depuis qu’il fait ses études à Lausanne (en Suisse francophone), c’est une langue étrangère pour lui. Il vient de finir son master 1, cela fait donc 4 ans qu’il pratique le français, il le parle très très bien ! Je parlais avec lui comme je parle aux français ! Il va bientôt commencer un Erasmus à Rome le veinard. Mais ça va être très court car les cours en Italie ne commencent qu’en octobre, il est là que pour le premier semestre donc début février il retournera en Suisse pour continuer sa dernière année universitaire.

Bref, finie la parenthèse sur la Suisse!

Et sinon, rien à voir mais le soir on discute sur la terrasse entre la gare et les rail mais tout autour de nous c’est une forêt. Et on entend les sangliers qui qui courent dans la forêt ! Ca fait un peu peur, ne pas s’aventurer ! A chaque fois ça nous donne envie de nous approcher pour les voir mais c’est pas une super super idée.

Ce soir on nous emmène à une conférence dans le bourg du village organisé par le GAR, l’association pour qui nous travaillons. En fait, le GAR doit demander la permission à de nombreux propriétaires pour effectuer les travaux de fouilles. En effet, on passe par beaucoup de champs différents pour se rendre sur les zones, et on creuse parfois sur les terrains de propriétaires privés. En échange, le GAR propose des conférences régulièrement pour expliquer l’avancée des chantiers de fouilles mais aussi des conférences liées à l’archéologie. Ce soir le thème c’est : « archéologie et BD » par un archéologue du GAR !

Avant cela, nous nous commandons un petit Spritz que nous emporterons à la conférence. Le village de Cochiano est vraiment très mignon, et la conférence aura lieu sur une jolie petite place en extérieur.

Corchiano :

J’ai pas compris grand chose à la conférence, mais c’était sympa quand même de se retrouver là au milieu des gens du village venue écouter la conférence.

Vers 22h, on monte dans le camion pour rentrer à la maison. On a toujours peur quand on monte dans le camion qu’il tombe en panne, son surnom c’est « frisson bleu ».

En arrivant à la gare, il y a un volume sonore très élevé de musique. En face de la gare, c’est un hôtel et à priori, il y a une grosse soirée. Avec un tel volume sonore, il sera de toute façon impossible de dormir. Il fait très chaud, on dort les fenêtres ouvertes. On a commencé à danser dans le jardin, puis c’est trop tentant, on est 5 ou 6 à aller jeter un oeil à la fête. On découvre des gens à tables, des gens qui dansent sur la musique d’un DJ et un groupe de jeune d’une quinzaine d’années. Au milieu de tout ça, on voit une fille d’une quinzaine avec une magnifique robe rose à paillettes avec un diadème. C’est sans doute elle qui fête son anniversaire, facilement reconnaissable !

On entre dans le jardin pour se rendre jusqu’à la piste de danse devant le DJ dans le jardin. La fille habillée en princesse nous voit et vient danser avec nous, on lui souhaite un joyeux anniversaire ! Giacomo lui explique qui on est. C’est trop drôle, elle nous connait pas et elle danse avec nous.

Au bout d’un moment, bien en sueur et bien fatigués vers minuit trente, on décide de partir. On retourne à la gare, un petit groupe discutent ensemble encore ensemble le long des rails. On leur raconte notre petite folie de s’êtres invités à une fête pour s’amuser. Tellement on était transpirants après ce dance floor, on a du aller se laver. Une nouvelle aventure commence, se doucher dans les douches extérieur, dans le noir en pleine nuit. Mais ça fait du bien, il fait chaud même la nuit !

Dans les chambres, les gens ne dorment pas vraiment à cause de la musique… allez on essaie de dormir quand même, bonne nuit !